Cinq ans après le séisme en Haïti – les séquelles psychologiques des enfants persistent

Mercredi 14 January 2015

 

Bien que les dommages physiques catastrophiques aux logements, routes et  bâtiments publics provoqués par le tremblement de terre d'Haïti le 12 Janvier 2010 soient encore visibles, l'héritage psychologique avec lequel beaucoup de jeunes survivants du séisme ont encore du mal à vivre est moins facile à voir à l'œil nu.

Cinq ans après que le tremblement de terre ait frappé la petite nation insulaire des Caraïbes d'Haïti, de nombreux enfants là ont encore un accès limité à l'éducation, et certains rapportent une  exposition à l'exploitation et à la violence sexuelle après que le pays, déjà fragile, ait  sombré dans le chaos à la suite de la catastrophe. Beaucoup d'enfants haïtiens montrent encore des signes de stress émotionnel et psychologique, et ont encore  désespérément besoin d'assistance et de protection aujourd'hui.

Leur détresse en cours, ainsi que leurs espoirs pour un avenir meilleur, est ce que  Riccardo Venturi, lauréat du World Press Photo en 1997 et 2011, espérait capter lors d'une visite aux programmes de réponse  de Save the Children en Haïti. Les images proposées par Venturi sont un rappel d'humilité à toutes les personnes impliquées dans la reconstruction d'Haïti que la réponse internationale à la catastrophe est loin d'être complète.

Les enfants ayant perdu un parent ou les deux, n’étant pas accompagnés par un membre de leur famille, ou vivant encore dans des camps de personnes déplacées, sont particulièrement vulnérables à l'exploitation, à la violence sexuelle contre les mineurs dans ce type d’espaces.

 «Je ne me sens pas en sécurité ici du tout parce que les gens ne se respectent pas les uns les autres. Il existe de nombreux cas d'abus », explique *Marie Darline, une jeune fille de 15 ans qui vit dans un camp de personnes déplacées en Haïti depuis quatre ans.

Elle est  parmi plus de 85 500 personnes qui vivent encore dans des logements temporaires après le séisme, dont plus de la moitié sont des enfants.

«Si ma mère et mon père étaient en vie, je serais protégé. Ils ne me laisseraient pas vivre comme ça », dit Lovely*, une jeune travailleuse domestique de 14 ans vivant et travaillant à Port-au-Prince.

Depuis la mort de ses parents en 2010, Lovely a été contrainte à devenir une travailleuse domestique dans le but de survivre, et est fréquemment battue et maltraitée. Malheureusement, l'histoire de Lovely reflète celle d'environ 225 000 enfants âgés de cinq à dix-sept ans qui se trouvent maintenant économiquement piégés en tant qu’enfants à risque de devenir des travailleurs domestiques, avec peu ou pas de chance d'échapper à leurs conditions de vie lamentables.

 Lovely *, Marie*, et les autres enfants représentés dans la série de photo de Venturi, illustrent les craintes et les espoirs pour l'avenir des enfants haïtiens à travers l'île.

«Quand j’étais en Haïti en 2010 juste après le tremblement de terre, j’ai vu que la peur et le choc étaient particulièrement évidents, surtout chez les enfants» dit-il.

 «Mais les enfants ont une incroyable capacité à sourire et à vivre pleinement chaque jour. Les enfants haïtiens sont toujours pleins d'énergie positive, mais aujourd'hui, sous la surface, il est facile de voir les signes de souffrance et de stress émotionnel qu'ils éprouvent encore en raison du séisme et à cause des difficultés qu'ils rencontrent dans leur vie quotidienne. »

«Beaucoup de mes images ont essayé de capter leur regard de mélancolie voilée tout en essayant toujours de garder leur sens de dignité. »

Kevin Novotny, Directeur de Save the Children en Haïti, affirme que les portraits de Venturi montrent également la volonté des enfants de jouer un rôle majeur  dans l’orientation et la progression de la reconstruction; Participer plutôt que de s’adapter passivement à ce qui ne fonctionne pas pour eux.

 "En tant que Save the Children nous encourageons les enfants à développer leurs propres capacités à travers l'ensemble de nos programmes en matière d'éducation et de protection. Cette approche contribue également à la résilience globale des familles et de la communauté tout en construisant une meilleure chance pour le futur ".

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 Notes aux éditeurs

  Le tremblement de terre a dévasté Port-au-Prince, la capitale haïtienne et les villes avoisinantes, où 230 000 vies ont été perdues, près de 400 000 maisons et 5 000 écoles ont été détruites ou endommagées, et plus de 1,6 million de personnes sont devenus sans-abri.

 Au début de la catastrophe, Save the Children a initié une stratégie de relèvement et de développement sur plusieurs années pour atteindre plus d'un million d'enfants et adultes haïtiens à travers des programmes de réponse et de relèvement par rapport au tremblement de terre, comprenant  l'éducation, la nutrition, l'eau potable, l'assainissement, la protection et la résilience.

Save the Children travaille avec les organisations nationales de protection de l’enfant en Haïti afin de sensibiliser sur la violence et l'exploitation des enfants, et de promouvoir les droits des enfants. Les partenaires communautaires luttent contre la violence familiale dans certains des quartiers les plus pauvres de la zone métropolitaine de Port-au-Prince.

Riccardo Venturi (www.riccardoventuri.com) est né à Rome en 1966. Il a commencé sa carrière à documenter les questions sociales italiennes et européennes comme l'immigration illégale et la montée des mouvements nazis en Allemagne, et les premières années de la démocratie en Albanie. Au milieu des années 1990 son attention a été principalement attirée vers les pays en conflit, avant tout l'Afghanistan. Depuis, il a voyagé dans de nombreux pays en guerre entre eux : le Kosovo, la Somalie, la Bande de Gaza, la Libéria, la Sierra Leone, la Libye. Au cours des dernières années Riccardo Venturi a continué à travailler avec les enquêtes personnelles et a souvent travaillé avec des agences humanitaires internationales, dont Save the Children. Son travail a été exposé et publié dans le monde entier dans de nombreuses publications respectées, y compris le Time magazine, Newsweek, US News, Business Week, Philadelphia Enquirer, National Geographic, L'Express International, Le Nouvel Observateur, Libération, Der Spiegel, Stern, El Pais, Vanity Fair.